Jean-Marc Barki,
Gérant de la société SEALOCK, entreprise partenaire d’Imprim’Luxe.
1 – Pouvez-vous vous présenter? Comment décririez-vous votre métier? Pourquoi l’aimez-vous?
J’ai 56 ans depuis décembre dernier, marié, trois enfants, une fille et deux garçons de 17 à 26 ans, un parcours atypique, curieux de tout, bâtisseur dans l’âme au sens propre et au figuré !
Autodidacte, pas du tout fait pour les études à la mode française pour entrer dans un moule, j’aurais certainement performé chez nos amis Anglo-saxons mais la vie en a décidé autrement…
Au fil des années, j’ai eu la chance de pouvoir me former auprès de personnalités de grande qualité y compris lorsque je décide de me lancer dans un parcours universitaire après 40 ans pour travailler sur l’éthique et la responsabilité, tout un programme qui m’aura permis de complètement repenser le développement de l’entreprise et en particulier accélérer notre engagement RSE démarré dès 1995 sans le savoir.
Ce que je peux sans soucis affirmer, c’est que savoir monter dans les trains qui se présentent sans peur de l’inconnu a été certainement la clé du succès de cette SAGA SEALOCK qui n’est pas terminée !
Notre métier est de formuler et de fabriquer des colles industrielles en phase avec les besoins des utilisateurs que ce soit sur le plan technique ou sur le plan de leur utilisation.
Nous avons créé cette entreprise il y a plus de 25 ans suite à une rencontre que l’on pourrait qualifier d’accidentelle mais qui a été une révélation et m’a donné l’occasion d’entrer de plein- pied dans ce merveilleux monde de l’industrie qui m’était destiné !
Cette vocation est certainement apparue en septembre 1987 lorsque pour parfaire mon apprentissage de l’anglais, mon père me propose d’aller passer 5 mois chez Thomas Tait and Sons Ltd, à Inverurie au nord de l’Ecosse, qui est fabricant de papier sans bois.
Cette expérience m’a marquée, cette vie où nous dépendons tous les uns des autres avec un dirigeant très proche de ses équipes, capable d’être le nez dans la machine comme n’importe quel opérateur m’a séduit et profondément marqué.
J’aime profondément mon métier, cette vie de groupe où nous devons avancer ensemble contre vents et marées malgré les aléas de la vie et les accrochages qui sont légions car cela reste une aventure humaine et Dieu merci pas pilotée par des robots.
2 – Quelle est la genèse de Sealock ? Que propose l’entreprise ? A qui s’adresse son offre de produits et solutions ?
Sealock c’est un peu l’histoire de la tarte tatin pour un projet industriel qui n’aurait jamais dû voir le jour !
Nous sommes au début du printemps 1993, mon frère Pierre, toujours en recherche de nouvelles cartes de représentation, est prévenu par l’un de ses amis qu’un fabricant d’adhésif anglais a passé une annonce dans le magazine Transaction pour rechercher un représentant intéressé par la vente de ses produits en France.
A cette époque, je l’avais rejoint chez Barki Agency, l’entreprise familiale créée par notre grand-père Maurice en 1919 et qu’il préside aujourd’hui.
Pierre, sans m’en parler, leur écrit et convient d’un rendez-vous pour les rencontrer au salon Pakex de Birmingham en avril. Arrivé sur place, il découvre que c’est un fabricant de colle et pas de papier, ce qui n’était pas franchement une bonne nouvelle à ses yeux mais finalement cette méprise sera le début d’une vraie Success Story.
Pierre, en rentrant, m’en parle. Je saute sur l’occasion car le projet me séduit et malgré notre mise en concurrence avec un autre agent, je fonce et les résultats se font vite remarquer avec le développement des ventes en Belgique, en Espagne et en France.
Dès l’année suivante, poussé par la flambée de la livre sterling, il faut penser à installer une usine sur le sol français et c’est le territoire des Hauts de France, et la région de Lens en particulier qui va nous accueillir en nous proposant un terrain pour bâtir notre premier site.
L’aventure démarre un peu contre le cours des choses mais là encore je fonce, totalement déterminé à construire cet atelier pour faire de la cuisine industrielle !
Sealock, c’est une sorte de couteau Suisse avec des équipes, qui s’intéresse aux spécificités des métiers de ses clients quels que soient les secteurs d’activités.
Nous ne nous fermons aucune porte, convaincu que notre regard doit pouvoir apporter un véritable éclairage dans le but d’améliorer l’existant.
Nous travaillons principalement avec des transformateurs de papiers et de cartons (imprimeurs, PLV, fabricants d’emballages, fabricants d’étiquettes) mais aussi et de plus en plus avec des fabricants de produits agro-alimentaires équipés de chaînes de conditionnements, des fabricants de vins et spiritueux, etc…
3 – En quoi Sealock est-elle innovante ? Pouvez-vous nous parler de ses différents engagements, notamment en matière de développement durable et de RSE ?
La première caractéristique de Sealock c’est d’avoir compris dès 1995 que l’avenir sera de formuler des colles sans solvant et composées de plus en plus avec des matières premières biosourcées ou issues de la biomasse. A cette époque, ce discours et cette vision sont très loin des standards voire totalement inexistants.
L’autre particularité de l’entreprise c’est d’avoir très tôt mis en place un management transversal et en équipe avec ce que nous avons baptisé en 2005 le système du « Tabouret » pour favoriser l’échange, le partage et les réflexions collectives.
Nous nous sommes très tôt engagés dans une démarche qualité avec les certifications ISO, 9001 d’abord pour le production, 14001 pour le développement durable, CAP26000 pour la RSE que nous avons remplacé aujourd’hui par ECOVADIS au niveau Gold.
Nous avons également signé, dès sa mise en place, la Charte des Fournisseurs Responsables, initiée par le ministère de l’Economie et des Finances, en partenariat avec certaines organisations professionnelles comme COMMEDIA.
Enfin, nous faisons partie des cinq PME qui ont obtenu le label correspondant et la première à l’avoir obtenu au même niveau que les grandes entreprises.
Nous faisons tout pour viser l’excellence et pour nous dépasser avec toujours le même objectif, tenter d’avoir un peu d’avance sur les attentes et les besoins du marché.
4 – Ressentez-vous le besoin de faire évoluer votre métier ou votre entreprise dans la conjoncture actuelle ?
C’est non seulement un besoin mais une vraie volonté depuis le démarrage de notre aventure.
J’ai toujours eu envie de faire bouger les lignes et lorsque je présidais la fédération européenne de notre industrie de 2005 à 2009, j’ai tout fait pour que nous puissions être reconnus comme une industrie responsable et qui avait comme vocation de lutter efficacement pour le climat, ce qui ne coulait pas de source à l’époque pour de très grands groupes pétroliers mais la politique actuelle de l’association a été un succès. J’y suis encore actif et elle se poursuit en ce sens.
5 – Partenaire d’Imprim’Luxe, vous mobilisez-vous pour la relocalisation des commandes en France? De quelle façon ?
Le sujet de la relocalisation est un sujet essentiel pour nous.
Le fait de regrouper au sein d’une même association, en l’occurrence Imprim’Luxe, des entreprises qui ont un but commun, doit nous encourager à œuvrer ensemble pour la production française. Les mouvements comme celui de La French Fab soutenus largement par le gouvernement doivent nous y encourager.